Fannie nous raconte son « Rebozo »

Je suis TRÈS heureuse d’inaugurer la catégorie « Témoignages » avec celui de Fannie, qui nous raconte son soin « Rebozo ». Je connais Fannie depuis de nombreuses années et nous avons eu la chance de vivre simultanément notre grossesse en 2016. Pour elle c’était la troisième, et son troisième enfant a vu le jour il y a maintenant 20 mois. Egalement maman d’une jeune fille de 13 ans et d’un garçon de 9 ans, Fannie, passionnée par tout ce qui concerne l’art du maternage et membre d’une association de mamans dans le sud de la France (Maternative à Narbonne), elle connaissait depuis longtemps le « Rebozo », pratiqué par certaines de ses amies. Et c’est maintenant, à ce moment de sa vie, qu’elle a eu envie de vivre ce rituel et a fait la démarche de le demander à ses amies. Voici ce que j’ai retenu de son récit, qu’elle m’a fait la confiance de me donner et de partager sur ce blog.

Le soin Rebozo (originaire du Mexique) est un soin donné par des femmes à une autre femme. Ici, deux amies de Fannie, formées à ce soin, le lui ont donné. Il est proposé aux femmes souvent après un accouchement, mais aussi à d’autres passages de la vie, d’autres moments-clés (ménopause par exemple), pour se réunifier, se rassembler, retrouver son corps aussi parfois. C’est un rituel qui dure plusieurs heures, demande de la préparation et du temps. J’ai été surprise, en écoutant Fannie, de l’implication et de la profondeur de ce soin, autant pour celle qui le reçoit que pour celles qui le donnent. Il se déroule en plusieurs temps* : l’accueil et les intentions, le massage, le bain, la sudation, le serrage, la fin du rituel.

« Rebozo »

Le nom qu’on donne à ce soin est le nom du tissu utilisé pendant ce rituel, et que les femmes latino-américaines utilisent pour plein d’autres choses: comme un châle ou pour porter leur bébé par exemple. « On raconte que le rebozo donne tant de grâce à la démarche qu’aucune femme ne peut s’en passer « , nous dit Anne Kerloc’h dans son livre que j’adore, Une cuisine du monde pour les bébés (éd. Rue du Monde).

Eau et chaleur

A l’heure de commencer, Fannie pose ses intentions pour ce rituel (pour quoi elle souhaite faire ce soin, ses motivations) auprès de ses amies. Elles commencent toutes à boire une tisane spécialement préparée à cette occasion, et qu’elles continueront à boire tout au long du Rebozo. On va voir dans la suite du récit que l’eau et la chaleur sont les éléments par excellence de ce moment. Tisane, bain, vapeur, transpiration…Purification.

Au préalable, les amies avaient préparé, chauffé, décoré la maison et chaque pièce utilisée pour le soin (y compris la salle de bain) d’une façon naturelle et chaleureuse, connaissant aussi les goûts de Fannie. Une ambiance intimiste propice au soin, au féminin, à la connexion et au lâcher prise.

Rituel de passage

Une fois les intentions posées, c’est le temps du massage à quatre mains, au sol, que Fannie a expérimenté pour la première fois ici et qui a été pour elle un moment de grande détente. Les sensations décuplées par les quatre mains et le cerveau qui lâche prise 🙂 A la fin du massage, elle est invitée à prendre son temps et quand elle est prête, c’est le moment du bain. Dans la salle de bain où fume la vapeur d’eau, joliment décorée, une baignoire remplie d’eau très chaude, avec quelques plantes, l’attend. Tellement chaude que, même pour elle qui aime les bains chauds, c’est trop! C’est le but, d’avoir chaud, mais là, il faut rajouter un peu d’eau fraîche pour pouvoir y rentrer. Après quelques minutes dans le bain, l’objectif est atteint et elle a CHAUD! Immédiatement en sortant, ses amies l’enveloppent dans un peignoir puis au sol dans plusieurs couvertures, des pieds à la tête, seul le visage découvert.

Au départ elle ressent une sensation d’inconfort, qui laissera place à une grande plénitude quand elle commence à transpirer « comme jamais dans sa vie »! Lors de cette phase de sudation, intense, elle ressent une forte connexion aux personnes qui l’entourent, à ses amies présentes auprès d’elle ainsi qu’à la lignée des femmes à laquelle elle appartient. Quand je lui demande si elle aurait pu recevoir ce soin de la part de femmes qu’elle ne connaissait pas (ou moins), elle me dit que oui, mais que la connexion aurait sûrement été moins forte. Elle a ressenti une profondeur supplémentaire de le faire avec des femmes qu’elle connaissait, chérissait et en qui elle avait une grande confiance. A ce moment du soin, elle prend conscience qu’elle est là pour « clôturer » quelque chose, pour pouvoir, ensuite, démarrer quelque chose de nouveau. D’ailleurs, son amie près d’elle lui répète à ce moment-là du soin, « c’est fini, c’est fini »…

Tout au long du rituel, les trois femmes continuent de boire la tisane…

Enfin, vient le temps du « serrage » avec le rebozo lui-même (le tissu). Toujours enveloppée dans les couvertures, allongée sur le sol, ses amies vont lui découvrir progressivement le corps (lui enlever les couvertures) et l’envelopper dans le rebozo en tirant chacune d’un côté. Cela commence par la tête, qu’on lui découvre, puis qu’on enserre dans le tissu (laissant le visage découvert). A chaque moment de serrage, elle ressent un bref inconfort, avant de trouver cela agréable. C’est elle qui dit « stop » quand la tension du serrage est suffisante, et quand le temps de serrage est suffisant. Alors les amies relâchent le rebozo et passent à la partie du corps suivante: épaules, côtes, bassin, cuisses, mollets, pieds.

Et voilà, une fois tout le corps passé entre les pans du rebozo, le rituel est terminé. Il se conclut par des embrassades, des remerciements, chacune prend son temps.

En écoutant Fannie, je sentais l’intensité des émotions présentes tout au long de ce rituel, une intensité durable. Elle a répété plusieurs fois les mots « connexion » et « profondeur », et ils reflètent bien ce qui transparaît dans son récit, je trouve. On a aussi toutes les deux pensé que ce rituel faisait comme un écho au Blessing way qu’elle avait reçu pendant sa grossesse, d’autant que ces mêmes amies qui lui donnaient le Rebozo y étaient également présentes.

Le lendemain

« Et le lendemain en te réveillant, tu t’es sentie comment?

– Je me suis levée avec une énergie nouvelle ».

Un formidable rituel par lequel ses intentions se sont réalisées, cette sensation de « reset » et de pouvoir maintenant « passer à autre chose », avec des envies nouvelles, et cette intensité qui se perçoit encore dans sa voix.

♥ Merci Fannie de ta confiance et de ce récit que tu partages avec nous, pour informer et peut-être inspirer d’autres femmes, mamans ou non, qui souhaitent recevoir ce soin particulier dans la vie d’une femme.

* je relate ici le soin tel que Fannie l’a reçu, il y a certainement des variations selon qui donne et qui reçoit le soin.

Photos: toutes les photos sont personnelles et servent uniquement à illustrer cet article.
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